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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/459

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pensée de Dieu ; folie et possession coïncident.

Vouloir réaliser son être ou vivre conformément à sa conception ce qui chez le croyant en Dieu signifie « être pieux » et chez le « croyant en l’humanité », « vivre en homme », seul l’homme des sens ou le pécheur peut se le proposer tant qu’il a le choix inquiet entre le bonheur des sens et la paix de l’âme, tant qu’il est un pauvre pécheur. Le chrétien n’est pas autre chose qu’un homme des sens qui, connaissant ce qui est saint et ayant conscience qu’il le blesse, voit en soi-même un pauvre pécheur ; sensualité ayant conscience qu’elle est « culpabilité » voilà la conscience chrétienne, voilà la chrétien même, et si maintenant « coulpe » et « culpabilité » ne sont plus dans la bouche des contemporains et sont remplacés par les mots « égoïsme », « intérêt », si le diable se traduit par « l’inhumain », « l’égoïste », le chrétien existe-t-il moins qu’avant ? La vieille discorde entre le bien et le mal n’a-t-elle pas subsisté ? N’est-il pas resté un juge au-dessus de nous, l’Homme, n’y a-t-il pas encore une mission, la mission de se faire homme ? On n’appelle plus cela « vocation » mais « tâche » ou encore « devoir » ; changement très juste dans les termes, parce que l’homme n’est pas comme Dieu un être personnel qui peut vous « appeler », mais, hors le nom, la chose reste comme avant.




Chacun a un rapport avec les objets et pour chacun ce rapport est différent. Choisissons par exemple ce livre avec lequel des millions d’hommes pendant des milliers d’années furent en rapport, la Bible. Qu’est-elle,