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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/486

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diment vous affirmez qu’il n’y a pas de « vérité » absolue, parce que tout temps a sa vérité propre. Cependant vous laissez à chaque époque sa vérité, et vous créez ainsi proprement une « vérité absolue », une vérité qui ne fait défaut à aucune époque, parce que chacune, quelle que puisse être sa vérité, a cependant « une vérité ».

Doit-on se borner à dire qu’en tout temps on a pensé, et par conséquent on a eu des pensées ou vérités, qui, à l’époque suivante, cédèrent la place à d’autres ? Non, on doit dire que tout époque a eu son « credo » et en fait il n’en est encore apparu aucune où il n’y ait eu une « vérité supérieure » reconnue, à laquelle on ne crût devoir se soumettre en raison de sa « sublimité ». Toute vérité d’une époque en a été l’idée fixe ; quand plus tard une vérité nouvelle fut trouvée, la chose n’arriva toujours que parce qu’on en cherchait une autre ; on apportait quelques corrections à la folie de l’époque antérieure et on lui revêtait un costume moderne. Car — qui pourrait contester ce droit — on voulait s’enthousiasmer pour une idée ! On voulait être dominé, être possédé par une idée ! L’idée dominante plus moderne est « notre essence » ou « l’homme ».

Pour toute critique libre une pensée était le criterium, pour la critique propre, ce criterium, c’est moi, moi l’indicible, qui par conséquent ne suis pas uniquement pensée ; car ce qui n’est que pensé, est constamment exprimable, parce que la parole et la pensée coïncident. Vrai est ce qui est mien, irréel ce dont je suis la propriété. Vraie est par exemple l’association, tandis que l’État et la Société sont dénués de vérité. La critique « libre et vraie » a souci de la domination