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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/75

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si les adversaires les plus acharnés sont unanimes sur cette proposition fondamentale qu’il y a un Être suprême que l’on doit honorer et servir. Si quelqu’un sourit de pitié devant cette lutte pour l’Être suprême, comme par exemple un chrétien devant la querelle d’un schiite avec un sunnite, d’un brahmine avec un bouddhiste, l’hypothèse d’un Être suprême est pour lui néant et la dispute sur cette base n’est qu’un jeu. Que l’Être suprême soit Dieu en trois personnes, le Dieu de Luther, ou l’ « Homme » cela ne fait aucune différence pour celui qui nie l’Être Suprême lui-même ; à ses yeux tous ceux qui le servent sont sans exception des gens pieux, l’athée le plus furieux aussi bien que le chrétien le plus croyant.

Ainsi en première ligne, dans le Saint réside l’Être Suprême et la foi à cet être, notre « sainte foi.»


Le Spectre.


Avec les fantômes nous entrons dans le royaume des esprits, des êtres.

Dans l’univers rôde et promène son être mystérieux « insaisissable » le spectre ténébreux que nous appelons l’Être suprême. En trouver le fond, le concevoir en découvrir la réalité (prouver l’existence de Dieu), telle fut la tâche que s’imposèrent les hommes durant des siècles ; ils s’acharnèrent à une affreuse impossibilité, à un travail de Danaïdes. Ils voulurent transformer le spectre en un non-spectre, l’irréel en réel, l’esprit en une personne totale et déliée d’un corps. Derrière le monde existant ils cherchaient la chose en soi, (Ding) l’Être ; derrière la chose, la chimère (Unding).

Quand on regarde au fond d’une chose, qu’on en