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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/76

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recherche l’être, ce qu’on découvre est souvent tout autre que ce qu’elle paraît être : des discours mielleux et un cœur trompeur, des paroles pompeuses et de misérables pensées, etc. Du fait qu’on élève l’être, on rabaisse l’existence phénoménale à une pure apparence, à une illusion. L’essence de ce monde si plein d’attraits, si splendide n’est que vanité pour celui qui regarde au fond.

L’essence de ce monde en tant que phénomène est, — vanité. Maintenant, celui qui est religieux ne se contente pas de l’apparence trompeuse, du vain extérieur, mais il regarde l’être et il a dans l’être — la vérité.

Les êtres qui correspondent à certaines apparences sont les mauvais et inversement ceux qui correspondent aux autres sont les bons. L’être, l’essence du cœur humain est l’amour, l’essence de la volonté humaine est le bien, celle de la pensée humaine, la vérité, etc.

Ce qui passait d’abord pour existence, comme le monde, etc., se présente maintenant comme pure apparence et ce qui est véritablement existant, c’est plutôt l’être dont le domaine s’emplit de dieux, d’esprits, de démons, c’est-à-dire de bons et de mauvais êtres. C’est seulement ce monde renversé, le monde des êtres, qui désormais existe véritablement. Le cœur humain peut être insensible, son être existe, le Dieu « qui est amour » ; la pensée humaine peut s’égarer dans l’erreur, son être, la vérité existe : « Dieu est vérité », etc.

Connaître et reconnaître l’être seulement et rien que l’être, c’est religion : son empire est un empire d’êtres, de spectres, de fantômes.

Cette tendance à rendre saisissable le spectre ou à en réaliser le non-sens a donné naissance à un fantôme corporel, un fantôme ou un esprit doué d’un corps