Aller au contenu

Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ont une valeur religieuse par eux-mêmes (sans consécration religieuse donnée par le prêtre) qu’ils sont cultivés dans un sens moral, qu’ils sot véritablement moraux. La proposition de Feuerbach : La théologie est anthropologie signifie seulement « Religion doit être Éthique, l’Éthique est la seule religion. »

En somme Feuerbach permute entre eux le sujet et le prédicat en marquant une préférence pour le dernier. Il dit lui-même « L’amour n’est pas sacré parce qu’il est un prédicat de Dieu (jamais cette raison ne l’a rendu sacré aux hommes), mais parce qu’il est en soi-même et pour soi-même divin ». Il aurait pu aussi bien trouver que le combat devait être mené contre les prédicats eux-mêmes et contre tout ce qui a le caractère sacré. Comment pouvait-on espérer détourner les hommes de Dieu s’il leur laissait le divin. Et si, comme le dit Feuerbach, ce n’est pas Dieu mais ses prédicats qui furent toujours l’essentiel pour les hommes, ce n’était vraiment pas la peine de dépouiller le fétiche de ses oripeaux, pour laisser subsister le fétiche. Il reconnaît qu’il ne s’agit que de l’anéantissement d’une « illusion », il pense cependant « qu’elle agit d’une façon très pernicieuse sur les hommes, que même l’amour, le sentiment le plus vrai, le plus profond en soi, est rendu par la religiosité obscur et illusoire, par ce fait que l’amour religieux aime l’homme seulement par amour pour Dieu ; en apparence il n’aime que l’homme, en réalité il n’aime que Dieu. » Y a-t-il une différence avec l’amour moral ? Cet amour aime-t-il l’homme, cet homme que voici, pour cet homme en lui-même, ou par amour pour la morale, pour l’Homme, et ainsi, puisque — homo homini Deus — pour Dieu.