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Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/161

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Pluviôse


Tandis que je rêvais, un souffle venu de l’abîme m’a porté, d’un seul bond, au delà du fleuve. Je suis, depuis, sur l’autre rive ; derrière moi tous les ponts sont rompus. Je ne puis même plus voir la rive perdue, que suivait le chemin de ma vie. Un voile la sépare de mes yeux, un rideau d’impénétrable pluie.

Pluviôse interminable, l’araignée du ciel morose, tisse sa toile sur les bords chéris du passé. La pluie, la triste, l’éternelle pluie qui ne finit jamais. Cette con-