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Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/232

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superbe jusques au fond du désastre. Ne pouvais-je pas t’aider ?

Le Mourant. — Non. La mort a frappé. Un meurtre soudain, un seul coup ; un instant, et c’en fut fait. Adieu, soleil.

Le Samaritain. — La main qui t’a terrassé est la seule puissante, dans sa toute-puissance. Ne te révolte pas contre le bras qui incline toutes les têtes.

Le Mourant. — Éternelle est ma révolte, comme l’éternelle iniquité qui la cause. Je n’ai pas seul été frappé. Si ce n’était que moi, ce serait peu.

Le Samaritain. — Il est donc vrai ? Et ton frère, le noble jeune homme, n’est plus ?

Le Mourant. — Ce que j’avais de plus cher, de plus…

Le Samaritain. — Répands ce profond sanglot : ma poitrine l’étouffe. Je pleure avec toi. Entre dans ma demeure. Viens.