Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/234

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Le Mourant. — Ils ne connaissent pas la mort.

Le Samaritain. — Ils n’ignorent pas la souffrance. Ils vivent, comme nous. Tu dois vivre, mon frère : souffre ce nom, que ton bien aimé ne te donnera plus. Je te parle pour Lui. Va, il est délivré maintenant.

Le Mourant. — Il ne voulait pas l’être. Il aimait la servitude de la vie, comme la lumière aime son esclavage du soleil. Laisse-moi attendre la nuit, contre terre.

Le Samaritain. — Il est délivré, te dis-je. Ne fais pas injure à un cœur si pur de regretter ce qu’il nous laisse. Il nous plaint d’y être attachés. Ta douleur est tout ce qu’il regrette.

Le Mourant. — Laisse-la donc s’épuiser. Laisse couler mon sang.

Le Samaritain. — Non, n’y compte