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Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/90

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s’en relèvent. Ils y tombent, le temps d’une étincelle ; ils ne s’y tiennent pas. Le vague pressentiment de donner vie pour vie les rassemble, les sauve et les rend chacun à soi-même. Moins la fièvre du désir, que l’amour est rare : chaque homme, toutes ses heures d’amour ensemble ne font pas un seul jour. Le grand amour, c’est la tendresse perpétuelle qui croît à raison de ce qu’elle dure.


Tous fuient donc la mort. C’est pourquoi tous l’honorent. Et tous se cachent d’elle ; tous l’écartent avec un souci tremblant. Quand il faut en affronter l’image, ils la griment et la fardent.

Les pauvres morts sont bannis ; on les met au loin, tous ensemble. On les ensevelit ; on les cache sous la terre. On les