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Page:Suarès - Sur la mort de mon frère.djvu/94

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cause qui donne, qui ôte et qui rend la vie. Ou créer à son image, en attendant la mort, l’ombre de la vie. Trois partis, dont pas un n’est au choix de l’homme : il ne choisit pas celui qu’il veut suivre ; il suit celui pour lequel il a été choisi. La plupart des hommes se donnent l’illusion d’être, et de se poursuivre dans leurs enfants : heureux sont-ils, — cette foi de la chair leur demeure. Les autres n’ont qu’à se tuer, ou se mettre à genoux, cherchant leur Père, et l’implorant s’ils l’ont trouvé.

Ou bien, plus malheureux que tous, sachant la vanité de ce qu’ils font, en l’oubliant un peu du temps qu’ils sont à le faire, ils s’enivrent d’une création, où le rêve de la vie lui-même fait un rêve. Voilà la force puérile de l’art. Les plus grandes œuvres sont les plus doulou-