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Page:Sue - La Bonne aventure, Tome 4, 1851.djvu/190

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montée chez Joseph. Je me suis jetée à genoux devant son lit. Il n’entendait rien, ne sentait rien. J’ai pleuré sur lui comme sur un mort à qui l’on fait les derniers adieux. Cela me déchirait le cœur de voir mon pauvre Joseph ainsi sans entendement, avec ses cheveux et sa barbe hérissés, lui autrefois si beau, si rangé, si bon ; lui que j’aurais encore tant aimé s’il l’avait voulu. Je lui disais adieu pour toujours. Oh ! cet adieu, je ne le lui disais que des lèvres. Il me semblait impossible d’abandonner ainsi à lui-même et dans son malheur le père de ma petite fille. Je lui pardonnais ses injustices, sa jalousie folle, car il avait souffert autant que moi, et comme moi il n’eût demandé qu’à vivre heureux et tranquille. Je me rappelais sa tendresse tant qu’il n’avait pas eu la