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Page:Sue - La Bonne aventure, Tome 4, 1851.djvu/258

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yeux du monde, et qui, aux yeux du monde, doit, être reculée jusqu’à la fin de mon deuil apparent ; car, pour moi, est-ce qu’il cessera jamais, ce deuil mélancolique de l’âme, ce souvenir impérissable d’une mère adorée ?

Je vous l’ai dit bien bien souvent, mon Anatole, mes regrets n’ont rien de poignant ; du moment où j’ai eu religieusement clos les paupières de cette mère chérie, qui déjà vous chérissait comme un fils, m’avez-vous vu me livrer à ces emportements de désespoir qui nous tueraient, s’ils se prolongeaient ? Non, vous le savez, mon ami, ma douleur a été calme, réfléchie, ainsi que tout sentiment véritable. Songer à ma mère et la regretter, c’est maintenant pour moi une des conditions de mon existence, comme respirer, comme vous aimer, mon Anatole !