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Page:Sue - Les Fils de famille (1856).djvu/209

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moyen, nous le trouverons, mon Charles, tu verras, nous le trouverons ! Je ne suis qu’une paysanne, je n’ai point grand entendement, mais tu es mon fieu, et l’esprit vient toujours aux mères quand il faut consoler, sauver leur enfant ! Tu es pour moi ce que ta fille est pour toi ; sois tranquille, à nous deux nous réussirons… Allons, hardi, mon Charles ! va, au fond, le bon Dieu est pour les bonnes gens !

Charles Delmare se pencha vers Geneviève, agenouillée devant lui, serra entre ses mains la tête vénérable de sa nourrice, la baisa pieusement au front, et, levant les yeux vers le ciel :

— Merci, Dieu ! dans ma détresse, il me reste une mère !

Et, contemplant Geneviève avec une expression d’allégement ineffable :

— Oh ! dévouement naïf et sublime !… baume divin répandu sur les blessures de l’âme, bénie soit ta sainte affection ! bénie sois-tu, nourrice ! Tu m’apaises, tu me réconfortes, tu me relèves de mon stérile abattement, tu me donnes le courage d’envisager sur-le-champ la réalité en face, au lieu de perdre un temps précieux en vaines espérances ! Allons, Geneviève, tu l’as dit, ta maternelle tendresse pour moi, ma tendresse pour ma fille, nous viendront en aide ! Oui, à nous deux, nous trouverons le salut de mon enfant. Assieds-toi là, bonne mère, et cherchons comment conjurer tant de maux !


XXXVI

Charles Delmare, plus calme, se recueillait pendant un moment ; puis, s’adressant à Geneviève :

— Résumons les faits. Telles ont été les dernières paroles de San-Privato : « Si vous n’usez pas de votre influence sur M. et madame Dumirail, afin d’amener l’ajournement indéfini du mariage de Jeane… si, avant la fin de ce mois, Maurice n’est pas venu à Paris… ne fût-ce que pour y passer huit jours… je révèle et prouve à M. Dumirail que vous êtes le prétendu Wagner ; vous devenez un objet d’horreur pour la famille Dumirail et vous êtes ainsi sé-