Aller au contenu

Page:Sue - Les Fils de famille (1856).djvu/416

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pugnantes à un galant homme, afin d’obliger M. Maurice Dumirail à lui accorder la satisfaction qui lui est due.

— Enfin, monsieur, il nous reste à vous notifier que M. d’Otremont, usant du droit inhérent à sa position d’offensé, choisit l’épée pour arme et entend absolument maintenir ce choix, auquel il ne renoncera pour quelque raison ou quelque motif que ce soit.

— Et nous partageons complétement cet avis, — ajouta le second témoin. — Notre ami use d’un droit imprescriptible…

— Monsieur, — dit avec effort le père de Maurice, — ce duel…

— Excusez-moi, monsieur, si je vous interromps, — reprit l’un des témoins, mais je crois prévoir l’objection que vous allez peut-être nous adresser. M. d’Otremont, direz-vous, est de première force à l’escrime, et, lors de son premier duel, il a eu le malheur de tuer le jeune Montbreuil…

— Ah !… — s’écria M. Dumirail pâlissant et frissonnant d’épouvante, — c’est affreux…

— Rien de plus déplorable sans doute, monsieur, que la mort du jeune Montbreuil. M. d’Otremont a plus que personne regretté les suites funestes de ce duel ; mais son adversaire avait tous les torts, et, lorsqu’on s’oublie à ce point d’offenser grossièrement et sans provocation un homme d’honneur, on doit subir les conséquences de ses actes, si la fatalité veut que cet homme d’honneur manie supérieurement l’épée.

— Messieurs, ce duel est impossible ! — s’écria M. Dumirail cédant à la fois à l’indignation que lui causait la pensée d’un combat inégal et la crainte du danger auquel pouvait être exposé Maurice. — Ce duel n’aura pas lieu.

— Monsieur, veuillez réfléchir à vos paroles et…

— Ce duel !… mais vous êtes donc insensés ou bien coupables, messieurs, si vous persistez à vous rendre complices d’un assassinat ; oui, ce duel serait un infâme assassinat ; mon fils n’a de sa vie touché une épée.

— Votre fils ! — repartit l’un des témoins avec un accent de compassion et de surprise ; — quoi ! monsieur, vous êtes ?…

— Je suis le père de Maurice, et, je vous le déclare, messieurs dussé-je mettre mon fils sous la protection de la loi, ce duel n’aura pas lieu.

— Ah ! monsieur, — ajouta le second témoin d’un ton pénétré, — combien nous sommes désolés de nous être adressés à vous ; mais, permettez-nous de vous le dire, vous avez provoqué notre