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Page:Sue - Les Fils de famille (1856).djvu/425

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de San-Privato et de madame de Hansfeld, vous étiez, chose impossible, leur complice, — répondit Charles Delmare en interrompant son ami. — Je vous en conjure, au nom de votre loyauté bien connue, et, je le répète, au nom de votre honneur, que ces misérables pouvaient entacher à votre insu, ne vous irritez pas, pesez les faits, et ces faits, les voici : San-Privato est épris de la fiancée de Maurice ; il le hait comme un rival préféré ; il envie sa fortune, qui un jour sera considérable. Qu’advient-il ? À peine Maurice est-il arrivé à Paris (et je vous étonnerais fort en vous apprenant les machinations de San-Privato au sujet de ce voyage), à peine, dis-je, Maurice est-il arrivé à Paris, que madame de Hansfeld lui écrit sous un prétexte futile, vous présente cet ingénu, à vous, qu’elle sait occupé d’elle, se donne cyniquement à lui, puis, — cet aveu vous est échappé, — puis vous raille insolemment à souper, afin d’exaspérer votre jalousie, votre dépit, et d’amener ainsi ce duel inégal, dont l’issue est certaine, car Maurice n’a jamais manié une épée de sa vie, et il est d’une bravoure impétueuse. Il y a donc six chances contre une pour qu’il s’enferre lui-même ou que vous le tuiez, de sorte que, s’il succombe, San-Privato, je vous le répète, espère séduire la fiancée de son cousin, et un jour hériter des grands biens de M. et madame Dumirail. Un dernier mot, Richard : je n’ai aucune preuve matérielle de ce que j’avance, non ! et cependant, je l’affirme, oui, je jurerais sur l’honneur que je dis la vérité, parce que je sais, voyez-vous, mon ami, de quoi est capable un homme tel que San-Privato !


XI

M. d’Otremont, atterré, consterné de cette révélation, apprenait ainsi trop tardivement pourquoi madame de Hansfeld avait mis ses bonnes grâces au prix de la mort de Maurice ; et cependant, malgré l’horreur qu’il avait, lui, Richard, manifesté lors de cette proposition, Antoinette était parvenue à le mettre dans la nécessité absolue de se battre avec Maurice. Malheureusement, M. d’Otre-