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Page:Sue - Les Fils de famille (1856).djvu/75

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drement. La jeune fille sortit par une porte conduisant à sa chambre, dépendante de l’appartement de sa tante, tandis que Maurice regagnait le deuxième étage où il logeait.


XII


Madame San-Privato occupait avec son fils, au premier étage, l’appartement d’honneur du Morillon, appartement composé de deux chambres à coucher et de leurs dépendances, séparées par un salon, précédé d’une première pièce, dont la porte s’ouvrait sur l’escalier.

Pendant cette même soirée où avaient lieu les entretiens précédents entre M. et madame Dumirail, Maurice et Jeane, leur cousin San-Privato, retiré dans son appartement et assis dans un fauteuil, disait à Germain, son valet de chambre, qui se tenait debout devant lui :

— Ainsi, vous avez, après souper, fait jaser les gens de la maison sur M. Delmare ?

— J’ai de mon mieux exécuté les ordres que monsieur m’a donnés en sortant de table.

— Depuis combien de temps M. Delmare est-il établi dans le pays ?

— Depuis environ trois ans, à peu près vers l’époque de la mort de la mère de mademoiselle Jeane, m’a dit la cuisinière.

— Et lorsqu’il est venu habiter dans le voisinage du Morillon, M. Delmare connaissait-il mon oncle et ma tante ?

— Cela n’est pas probable, car, selon les domestiques, ce monsieur passait dans le pays pour une espèce d’ours, n’allait chez personne, ne recevait personne ; ce n’est qu’environ au bout de six mois qu’il a commencé de donner des leçons de peinture à M. Maurice et à mademoiselle Jeane.

— Ah ! il s’occupe de peinture ? — fit Albert assez surpris.

Puis il ajouta :

— Ainsi M. Delmare est ce qu’on appelle l’ami de la maison ?

— Oui, monsieur ; il vient chaque jour donner ses leçons de