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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/300

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avez ma foi !… J’ai la vôtre… Je n’épouserai personne autre que vous… je serai votre femme, sinon je resterai fille toute ma vie…

— Charlotte ! — reprend vivement madame Desmarais. — Quoi ! malgré nous, vous osez prendre un pareil engagement ?…

— Je respecte, je respecterai toujours l’autorité de mon père et de ma mère ; je n’épouserai pas M. Jean Lebrenn malgré leur défense… Je connais ses sentiments, il approuvera ma résignation ; mais, en même temps, je le déclare hautement, si je n’épouse pas M. Jean Lebrenn, je ne me marierai jamais… Et maintenant, — ajouta Charlotte les yeux pleins de larmes, — et maintenant, adieu, Jean… comptez sur moi comme je compte sur vous…

— Adieu, Charlotte… vous avez été… vous serez l’unique amour de ma vie… Ainsi que vous, je serai jusqu’à la mort fidèle à ma promesse…

Les deux fiancés échangent un tendre serrement de main ; après quoi, Charlotte se retire, accompagnée de sa mère, tandis que Jean Lebrenn sort du salon en saluant M. Desmarais et son beau-frère.


Pendant que la famille Lebrenn attendait impatiemment le résultat des démarches de Jean auprès de l’avocat Desmarais, le vieil aveugle, de retour dans son humble foyer, avait, par une pieuse remémorance, voulu, hélas ! sinon voir… cette faculté lui était désormais ravie… mais du moins toucher ses reliques domestiques, renfermées, ainsi que les légendes, dans un coffre de chêne soigneusement fermé. Le prince de Gerolstein éprouva une vive émotion lorsque Victoria déposa sur une table, avec les parchemins ou les papiers jaunis par les siècles, ces objets si précieux pour la famille Lebrenn par les souvenirs qui s’y rattachaient :

La petite faucille d’or, — léguée par Hêna, la vierge de l’île de Sèn, emblème de l’antique foi des Druides.

La clochette d’airain, — détachée du joug de l’un des taureaux