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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/72

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blesse et le clergé, retranchés dans leurs privilèges, se montraient intraitables à l’endroit de leur contribution aux charges de l’État. Calonne, autant pour frapper les esprits par une nouveauté que pour concéder en apparence au vœu de l’opinion publique, convoqua, le 22 février 1787, une assemblée de notables à Versailles. Personne ne prit au sérieux cette insignifiante parodie des États généraux. Les notables choisis, triés par le ministre, afin de s’épargner les remontrances des parlements et d’esquiver la convocation des États généraux, réclamée par le pays ; ces notables formaient une assemblée subordonnée au bon plaisir royal, et docile jusqu’à la servilité. Cependant, telle fut la force des choses et de l’évidence, qu’ils ne dissimulèrent point leurs craintes, leur mécontentement, en apprenant de Calonne que, en peu d’années, les emprunts s’étaient élevés à un milliard six cent cinquante millions, et que le déficit annuel montait à cent cinquante millions. Cette découverte causa la chute de Calonne, et Brienne, archevêque de Besançon et l’antagoniste de Calonne dans l’assemblée des notables, lui succéda. Les notables, après s’être laissé arracher par les insistances du chancelier le vote d’un nouvel impôt sur le timbre, se séparèrent le 27 mai 1787 ; ses membres, de retour dans leurs provinces, dénoncèrent à la France les dilapidations du trésor public, l’insatiable avidité des courtisans et l’imminence d’une nouvelle banqueroute. Le gouvernement de Louis XVI comptait sur le produit de l’impôt du timbre pour faire face à des nécessités urgentes ; mais le Parlement, de plus en plus hostile au ministre de Brienne, refuse l’enregistrement de ce nouvel impôt. Louis XVI, à l’imitation de son aïeul Louis XV, passe outre. L’édit est confirmé par un lit de justice ; quelques membres du Parlement sont arrêtés. Leurs collègues protestent énergiquement. Les cours de provinces encouragent celle de Paris dans sa résistance, et proclament l’inviolabilité de leurs membres. La cour répond par de nouvelles arrestations, parmi lesquelles on cite celles de deux parlementaires énergiques : Goislard et d’Espremesnil. Enfin, Brienne,