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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 13.djvu/73

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par l’organe du chancelier Lamoignon, dépouille le parlement de Paris de ses attributions politiques et en investit une cour plénière nommée par le roi ; les membres des compagnies sont exilés. Des troubles éclatent en Bretagne, en Dauphiné, en Provence, en Flandre, en Languedoc. Une portion de la noblesse de province et du clergé partage l’hostilité des parlementaires et du tiers état contre le gouvernement, et réclament avec une insistance croissante la convocation des États généraux, seul remède aux malheurs publics. Brienne engage Louis XVI à surmonter l’aversion, la crainte que, par tradition de famille, lui inspirait la réunion d’une Assemblée nationale, cette représentation n’ayant pas eu lieu depuis le règne des derniers Valois, Henri IV, Louis XIII, Louis XIV, le régent et Louis XV se montrant trop jaloux de leur omnipotence pour la commettre avec une assemblée où résidait en droit la véritable souveraineté de la nation. Les raisons données par Brienne à Louis XVI et la pression de l’opinion publique le décident à la convocation qu’il redoutait, mais la reine indignée exige de lui le retrait de cette concession et la destitution de Brienne ; il quitte le ministère (25 août 1788). Le roi cède lâchement, selon sa coutume, aux détestables exigences de la reine. Les embarras financiers augmentent encore ; le payement des rentes sur l’État est suspendu. Cette nouvelle banqueroute porte à son comble les inquiétudes et l’irritation générale ; elle se manifeste d’une manière tellement redoutable, que la reine, elle-même, effrayée, n’ose plus s’opposer à ce que Louis XVI convoque les États généraux. Leur ouverture est fixée au 1er mai 1789. Le rappel de Necker est imposé au roi par l’opinion publique. Cet homme d’État, rentré triomphant au ministère, à l’applaudissement de tous, s’occupe des dispositions nécessaires à l’élection et à la tenue de l’Assemblée nationale. — Par arrêt royal du 27 novembre 1788, le nombre des députés est fixé à mille. Ceux du tiers état égaleront en quantité les députés de la noblesse et du clergé. Enfin, Necker obtint l’admission des curés comme candidats dans l’ordre du clergé,