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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 5.djvu/199

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le corps du bâtiment qui nous fait face est dépourvu de croisées donnant de notre côté.

— Mais les barreaux du soupirail de la cave où est enfermé mon fils ?…

— Il les sciera au moyen de cette lime lancée dans son cachot, enveloppée d’un nouveau billet, dans lequel je vais écrire à Amael ce qu’il doit faire. — Et le vieillard, s’asseyant à son établi, écrivit les lignes suivantes, que la Coliberte, penchée derrière lui, lisait à mesure et tout haut : — « Avec cette lime, vous scierez les barreaux du soupirail sans les détacher complètement ; la nuit venue, vous les enlèverez. Trois secousses données à la cordelle dont vous avez l’un des bouts, nous avertiront que vous êtes prêt. Alors, vous attirerez vers le soupirail un baril vide que nous aurons attaché à l’extrémité de la cordelle. »

— Oh ! — s’écria Septimine, — je comprends maintenant pourquoi vous avez demandé ce baril !

— Quoi ! — reprit Rosen-Aër, non mois étonnée que la jeune fille, — vous avez eu, bon père, assez de présence d’esprit pour songer à l’instant même à ce moyen d’évasion ?

— Il fallait y songer alors… ou point du tout, mes enfants, — répondit le vieil orfévre en continuant d’écrire.

— Et nous autres, qui sommes du métier pourtant, nous croyions bonnement qu’il s’agissait de la fonte, — reprit Justin. — Quel bon tour ! C’est ce méchant Ricarik qui aura lui-même fourni la corde et le baril !

— « Lorsque le baril sera près du soupirail, » — reprit Septimine en continuant de lire ce qu’écrivait le vieillard, — « vous saisirez fortement, de vos deux mains, une corde dont ce tonneau sera entouré ; puis, y prenant votre appui, vous vous mettrez à l’eau, vous le pousserez devant vous, et nous l’attirerons doucement jusqu’à la fenêtre, qu’il vous sera très-facile alors d’escalader avec notre aide. »