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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 5.djvu/200

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— Oh ! bon père, — dit Rosen-Aër avec attendrissement, — il est sauvé !

— Hélas ! non, pas encore, pauvre femme ! Je vous l’ai dit : le tirer de ce souterrain est possible ; mais ensuite il faudra sortir de ce maudit couvent… Enfin, nous essayerons. — Et il se remit à écrire ces dernières lignes, aussi lues tout haut par Septimine : — « Il se peut que vous sachiez nager ; mais pas d’imprudence ! les meilleurs nageurs se noient ; réservez vos forces afin de pouvoir aider votre mère à fuir de cette abbaye. Lorsque vous aurez lu ce parchemin, déchirez-le, ainsi que le premier, en petits morceaux, jetez-les dans le coin le plus obscur de votre cachot, car il est possible que l’on vienne vous retirer de ce souterrain avant ce soir. »

— Ô mon Dieu ! — dit Rosen-Aër en joignant les mains avec douleur, — nous n’y avions pas songé : ce malheur est possible.

— Hélas ! il faut tout prévoir, — reprit le vieillard en terminant d’écrire ce qui suit : — « Ne désespérez pas, et confiez-vous en Hésus, le Dieu de nos pères ! »

— Ah ! — murmura douloureusement Rosen-Aër, — la foi de ses pères, les enseignements de sa famille ! les souffrances de sa race ! la haine de l’étranger… il a tout oublié !

— Mais la vue de sa mère lui aura tout rappelé, — répondit le vieillard. — Et il donna une secousse à la cordelle pour avertir Amael ; celui-ci répondit de la même manière à ce signal. Alors, Bonaïk, enveloppant la lime dans le parchemin, la lança de l’autre côté du fossé, visant de nouveau avec justesse le soupirail de la cave au fond duquel elle tomba. Amael, après avoir pris connaissance des nouvelles instructions du vieillard, parut derrière les barreaux. Ses regards avides semblaient demander la présence de sa mère. — Il vous cherche des yeux, — dit, sans pouvoir retenir ses larmes, la Coliberte à Rosen-Aër ; — ne lui refusez pas cette consolation !

La matrone gauloise soupira, et, s’appuyant sur Septimine, fit deux pas rers la croisée ; alors, d’un air solennel et résigné, elle leva un