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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 5.djvu/275

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de parements et de bordures en peaux d’oiseaux de Phénicie ; les plumes naissantes du cou, du dos et de la queue des paons d’Asie, faisaient resplendir ces riches vêtements de tous les reflets de l’azur, de l’or et de l’émeraude (HH). D’autres courtisans portaient de précieux justaucorps de fourrures de loirs ou de belettes de Judée, pelleteries aussi fines, aussi délicates que la peau des oiseaux ; des bonnets à plumes flottantes, des hauts-de-chausses d’étoffe de soie, des bottines de cuir oriental rouges ou vertes, brodées d’or ou d’argent, complétaient les splendides ajustements de ces gens de cour. La grossière rusticité du costume de l’empereur contrastait seule avec la magnificence des courtisans : ses grosses et grandes bottes de cuir, à éperons de fer, lui montaient jusqu’aux cuisses ; il portait par-dessus sa tunique une ample casaque de peau de brebis, la toison en dessus, coiffé d’un bonnet de peau de blaireau, il tenait à la main un fouet à manche court pour châtier ses chiens de chasse. Grâce à sa taille élevée, qui dépassait de beaucoup celle de ses officiers, Karl, apercevant de loin Vortigern et son aïeul, s’écria : — Eh ! seigneur Breton ! venez, s’il vous plaît, ici, à côté de moi ; je veux savoir si votre petit-fils est aussi bon écuyer que le disent mes fillettes. — Les rangs des cavaliers s’ouvrirent, afin de donner passage à Amael et à son petit-fils, qui suivait modestement son aïeul, n’osant lever les yeux sur le groupe de femmes dont était entouré l’empereur. Celui-ci, examinant attentivement Vortigern, qui maniait son cheval avec sa bonne grâce accoutumée, lui dit : — Le vieux Karl juge d’un coup d’œil l’habileté d’un écuyer. Je suis content ; mais, avoue-le, mon garçon, tu aimes mieux la chasse que la messe, et la selle de ton cheval qu’un banc d’église ?… Voyons, réponds…

— Je préfère la chasse à la messe, — dit franchement Vortigern ; — mais j’aime mieux la guerre que la chasse.

— Si ta réponse n’est pas celle d’un bon catholique, elle est celle d’un garçon sincère. Qu’en pensez-vous ? fillettes ? — ajouta l’empe-