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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/143

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de Norville s’empressait d’ouvrir, semblait se consulter avec Marcel, — que penses-tu des bonnes résolutions de ce jeune homme ?

— Ainsi que maître Marcel, je les crois sincères ; non que je me fie au cœur de ce garçon de race royale, mais il est de son intérêt de suivre de sages avis… et il les suit…

— Hum ! hum !

— Supposes-tu le régent assez dissimulé ou assez fou pour tromper maître Marcel ?

— Aussi vrai qu’Homerus est le roi des rapsodes ! jamais Margot-la-Savourée n’a été si près de me jouer un tour sournois et scélérat que lorsqu’elle m’appelle son rat musqué, son beau roi, son canard doré, et autres dénominations non moins flatteuses que fallacieuses.

— Mais Rufin, quel rapport…

— Écoute-moi jusqu’à la fin… Donc j’ai justement rendez-vous ce soir près du Louvre, au bord de la rivière, avec Margot-la-Savourée, parce que, m’a-t-elle dit, Jeannette-la-Bocacharde ne veut pas me voir dans sa maison. Eh bien, j’en jure par Ovidius, le poète chéri de Cupido, cette Margot s’est montrée si câline, si chatte en me demandant d’aller humer, en l’attendant, les brouillards de la Seine, que je suis presque certain qu’elle me manquera de parole ce soir.

— Rufin, parlons sérieusement.

— Sérieusement, Mahiet, je crains qu’il en soit des promesses du régent comme des promesses de Margot ! Tiens… j’aurais préféré recevoir un coup d’épée de plus, quoique celui que j’ai emboursé me cuise diablement, et avoir assommé ce mièvre jouvenceau comme j’ai assommé son maréchal de Normandie.

— Allons, ce sont là de mauvaises exagérations dignes de Jean Maillart… Mais, à propos, où est-il donc ? est-ce qu’il ne nous a pas accompagnés au palais ?

— Non, non ; après avoir, à l’insu de Marcel et de toi qui marchiez en tête de nos amis, poussé quelques misérables brutes à mas-