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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/15

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valerie qui voulait — disait-elle — rebâter ces manants flamands, que lesdits manants, exterminant à Courtrai la noblesse française (1302), emportent comme trophée de leur victoire quatre mille paires d’éperons dorés, enlevés aux talons agiles de ces preux batailleurs de tournois. Philippe-le-Bel, ainsi honteusement battu, forcé de renoncer aux richesses de la Flandre, à bout de ressources, n’ayant plus ni Juifs ni Lombards à spolier, extorque aux bourgeois jusqu’à leur vaisselle, jusqu’à leurs meubles, et commence son productif métier de faux-monnayeur, payant en monnaie falsifiée et se faisant payer en bonnes pièces d’or et d’argent. Les seigneurs féodaux veulent imiter le roi des Français, mais il se réserve le monopole de cette volerie infâme ; le clergé, possesseur d’immenses richesses, menaça Philippe-le-Bel d’excommunication, s’il osait toucher aux biens du Seigneur. Ce bon prince se railla de ces menaces, si effrayantes au règne de Philippe-Auguste, car les temps étaient changés ; les horreurs des croisades en Palestine et en Languedoc avaient, selon la prédiction de notre aïeul Karvel-le-Parfait, porté un coup mortel à l’Église catholique. Sa puissance, naguère effrayante, s’affaissait de jour en jour sous le poids de l’exécration générale, et lorsque le pape Boniface VIII s’avisa de récriminer contre la saisie des domaines ecclésiastiques, Philippe-le-Bel répondit à ce Boniface en improvisant un pape de sa façon dans la personne de Bertrand de Goth, archevêque de Bordeaux, lequel pape il installa dans le comtat d’Avignon. Il y eut donc alors deux papes, l’un siégeant à Rome et l’autre dans Avignon. Ce dernier, en retour de sa papauté, dut accorder à Philippe-le-Bel la condamnation des Templiers. Ces moines-soldats, sanguinaires et débauchés, avaient, durant leur guerre en Terre-Sainte, pillé dans ce pays des richesses énormes. Le roi désirait ardemment les voir passer dans ses coffres ; de sorte que, son pape Bertrand lui ayant octroyé la condamnation des Templiers, ils furent accusés de magie, de sorcellerie, mis à la torture et brûlés dans leur magnifique palais du Temple à Paris. Ensuite de quoi, leurs dé-