Aller au contenu

Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pouilles furent la proie de Philippe-le-Bel. Ce roi des larrons et des faux-monnayeurs meurt en 1314 ; l’un de ses fils, Louis X, dit le Hutin (l’étourdi), lui succède. Sous ce règne, les seigneurs féodaux ressaisissent une partie de leur puissance, que les rois, depuis Louis-le-Gros, avaient constamment attaquée ou ruinée. Cette renaissance de la féodalité fait peser plus cruellement encore le joug du servage sur les serfs et sur les vilains. Louis-le-Hutin, voyant l’audace croissante des seigneurs, entre en lutte contre eux, non plus par les armes, mais par des procédures. Grand nombre de hauts barons, accusés d’empoisonnement et de commerce avec le diable, sont torturés et suppliciés ; ce sont des procès à la fois stupides et atroces. Louis-le-Hutin meurt en 1316 ; son frère Philippe V monte sur le trône, et peu de temps après, en 1322, Charles IV ou le Bel, dernier fils de Philippe, succède à ses deux frères. Alors s’ouvre une ère de crimes, d’horreurs à donner le vertige ; on se croirait revenu à ces temps épouvantables où les premiers descendants de Clovis s’entr’égorgeaient. Deux reines des Français sont étranglées : Isabeau, sœur de Charles-le-Bel, mariée à Édouard II, roi d’Angleterre, se ligue avec son amant Mortimer pour conspirer contre son mari, qu’elle détrône, grâce à l’appui de Philippe-le-Bel, et qu’elle assassine plus tard en l’empalant avec un fer rouge, supplice affreux que Frédégonde et Brunehaut n’avaient pas imaginé. Isabeau, cette mère adultère et homicide, finit plus tard ses jours dans un monastère, où la fit emprisonner son fils Édouard III, lorsque, à sa majorité, il ceignit la couronne d’Angleterre. À la mort de Charles-le-Bel (1328), une sorte de révolution s’accomplit au sujet de la transmission de la couronne que ces rois de race étrangère à la Gaule avaient coutume de se léguer de mâle en mâle, selon la loi salique, antique loi des Francs, qui excluait les femmes de la royauté. Charles-le-Bel, en mourant, ne laissait ni enfants, ni frère. L’héritière du trône eut été sa sœur, alors régente d’Angleterre pendant la minorité de son fils, cette même Isabeau qui empalait son époux avec un fer rouge. Philippe de Valois,