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Page:Sue - Les Mystères du peuple, tome 8.djvu/214

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qui, je le crains, ne vengroigne qu’à l’endroit de Cupido ! Nous sommes arrivés à Paris sans encombre, et dame Marguerite a parfaitement accueilli Alison. Ah ! mon ami, j’idolâtre cette divine cabaretière ! Fi… le vilain mot ! Non, non, cette Hébé ! Hébé n’était-elle point la cabaretière olympique ! Ah ! si Alison m’acceptait pour époux, nous fonderions une agréable taverne, particulièrement destinée aux écoliers de l’Université. L’enseigne serait splendide, on lirait des vers grecs et latins en manière d’appel aux buveurs ; de ces vers voici le sens : — De même que messire Bacchus peut

Mahiet interrompt l’écolier et lui dit vivement après avoir lu la lettre d’Étienne Marcel :

— Rufin, je retourne à Paris avec toi ; tu me prendras en croupe. Le prévôt des marchands a des ordres à me donner ; Mazurec est vengé, partout les Jacques se soulèvent, selon ce que Marcel a appris par des gens arrivés des provinces ; il faut maintenant mettre à profit et diriger ce mouvement formidable… Attends-moi là pendant quelques instants, je reviens.

Et Mahiet, retournant vers Guillaume Caillet, Mazurec et Adam-le-Diable, les prend à l’écart et leur dit :

— Marcel me rappelle près de lui ; le régent s’est retiré à Compiègne ; il a mis Paris hors la loi, et se dispose à marcher, à la tête des troupes royales, contre cette cité ; on l’attend, il y sera, de par Dieu, bien reçu ! Toutes les villes de communes, Meaux, Amiens, Laon, Beauvais, Noyon, Senlis, sont en armes ; partout les paysans s’insurgent, les bourgeois, les corporations de métiers s’allient à eux. Le roi de Navarre est capitaine général de Paris ; cet homme mérite son nom de Mauvais, mais c’est un puissant instrument. Marcel le brisera s’il dévie de la bonne voie et ne s’incline pas devant la souveraineté populaire… L’heure de l’affranchissement de la Gaule a enfin sonné… Mais pour mener l’œuvre à bonne fin, il faut régulariser la Jacquerie ; ses bandes éparses, après avoir fait justice des seigneurs, doivent se rallier, se discipliner et former une armée ca-