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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés III (1850).djvu/181

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femme de chambre que j’étais charmante ainsi, je finis par me regarder dans une psyché placée dans mon cabinet de toilette (il va sans dire que mon appartement était des plus complets depuis l’antichambre jusqu’à la salle de bain) ; après m’être ainsi contemplée, j’avoue en toute humilité que je me trouvai très-belle. — Maintenant, — me dit miss Turner de son air grave et compassé en tirant d’une caisse une magnifique poupée, — voici une poupée que Monseigneur vous donne ; il faudra l’en remercier, entendez-vous ? — Oui, miss Turner, — dis-je en admirant ce jouet, véritable merveille, sans oser y toucher. — Prenez donc votre poupée, — me dit ma gouvernante. — Mais, — lui répondis-je, — est-ce que nous n’allons pas chez Monseigneur ? — Si, Mademoiselle, nous y allons, et Monseigneur désire que vous apportiez votre poupée avec vous. — Assez surprise, je l’avoue, de cette recommandation, je suivis ma gouvernante chez Monseigneur.

Cette dernière partie du récit de Basquine me déroutait complétement, et, dans ma naïveté, je dis à la jeune fille :

— Ces soins, cette éducation que l’on te donnait prouvent du moins que ce milord-duc n’était pas un méchant homme.

Basquine me regarda fixement et partit d’un éclat de rire sardonique qui me fit frémir.