ai réuni les preuves nécessaires à la réhabilitation de la mémoire de Mme de Noirlieu.
« Vous êtes tous deux profondément touchés de la résignation de M. de Montbar qui ne demande qu’à tenter de reconquérir le cœur de sa femme à force de soins et d’amour, puis de s’éloigner à jamais si cette tentative est vaine.
« C’est moi qui, le suivant au milieu d’une orgie où il allait lâchement étourdir son chagrin dans l’ivresse, lui ai soufflé au cœur ces inspirations à la fois dignes et résignées qui font sa force, comme vous dites tous deux. »
j’aurais été accueilli de Just et de Régina ! avec quelle cordiale affection ils m’auraient appelé leur ami peut-être ! Leur ami !… moi, pauvre
enfant trouvé… pauvre laquais que je suis.Oui, cela eût été doux à mon cœur et à mon orgueil !… Mais de ce que Just et Régina ignorent ce que j’ai fait pour eux en suis-je pour cela moins leur ami ?… les ai-je moins conduits autant qu’il a été en moi dans la voie du devoir et de l’honneur ?
Voie souvent bien rude, bien douloureuse. Hélas ! qui le sait mieux que moi ? Oh l’oui, rude, douloureuse comme celle de tout calvaire… Mais une fois arrivé au sommet avec la lourde croix qu’on a longtemps portée… quel regard de mélancolique satisfaction l’on jette au loin… sur ce chemin si péniblement parcouru… et qui garde parfois les traces sanglantes de notre passage !
Non, non, cette tentation de tout révéler à Just et à Régina était une pensée mauvaise.
Mon orgueil me rendait injuste… M. de Montbar a souffert aussi lui, cruellement souffert… Si sa douleur à manqué de dignité, n’est-ce pas là une des conséquences de la funeste éducation qu’il a reçue… éducation que trois mots résument :
Orgueil. — Richesse. — Oisiveté.
Si le prince a longtemps cherché des consolations indignes de lui, n’a-t-il pas accueilli avec un empressement, avec une modestie qui l’honorent, les inspirations meilleures que j’ai tâché de lui donner selon mon cœur ? Sa conduite envers sa femme, dont celle-ci a été