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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés IV (1850).djvu/185

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CHAPITRE XIII.

Lettre du prince de Montbar à M. Pierre. — Suite du journal de Martin. — Départ du prince.

« 19 juin 18…

« Il m’a fallu jeter un regard ferme sur le passé avant de vous écrire cette lettre, ami cher et inconnu, en qui j’ai toujours trouvé les conseils d’une âme forte, généreuse et élevée.

« J’ai besoin de vous rappeler en peu de mots les principaux événements de ces quatre mois écoulés… comme un jour.

« Quand on espère, la vie va si vite !

« Lors de ma première entrevue avec ma femme (entrevue qui a suivi notre rencontre pendant cette nuit étrange), je l’ai trouvée, je vous l’ai dit, aussi sincère que remplie de tact, de dignité.

« Si grande que fût sa reconnaissance envers moi. (Envers moi… tandis que c’est vous… vous seul, qui avez droit à ce sentiment !… Je vous assure, du moins, mon ami, et cela presque avec orgueil, que j’ai toujours ressenti une secrète honte lorsque j’entendais Régina me parler de ce qu’elle me devait)… si grande que fût donc sa reconnaissance envers moi, lors de cette première entrevue, Madame de Montbar ne s’est engagée à rien… elle ne m’a rien promis… me disant que dans deux jours elle me rendrait une réponse définitive ; c’était tout simple, elle voulait voir Just et se consulter avec lui.

« Je ne vous ai pas caché, mon ami, combien j’ai été touché de la loyale détermination de M. Just Clément… Son départ a-t-il été arrêté