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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés IV (1850).djvu/200

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Martin était son fils… lui présentaient cette hypothèse comme possible.

On conçoit dès lors combien de causes excitantes, irritantes, avaient attaché le comte à la lecture des Mémoires de Martin.

Puis, au bout de quelques pages, M. Duriveau rencontra les noms de Bamboche et de Basquine, ces deux compagnons d’enfance de Martin.

Bamboche devenu ce meurtrier redoutable que l’on avait traqué la veille dans les bois du comte.

Basquine devenue l’une des plus célèbres artistes de l’époque… femme infernale selon ceux-ci, angélique selon ceux-là, mais doublement infernale selon le comte, car peu de jours s’étaient passés depuis que Scipion avait audacieusement annoncé à son père qu’il eût à regarder Basquine comme le suprême arbitre de son mariage à lui Duriveau avec Madame Wilson ; insolente prétention qui avait amené cette scène déplorable, effrayante, entre le père et le fils, scène à laquelle avait succédé de part et d’autre une suspension d’hostilités, le comte ayant le lendemain dit à son fils, que, quelque bizarres que fussent ses prétentions à poser Basquine comme arbitre de ce double mariage, du père et du fils… il aviserait

Puis venait dans les Mémoires, la rencontre de Martin au fond de la forêt de Chantilly avec Régina, Scipion et Robert de Mareuil

Quels souvenirs ces noms ne devaient-ils pas éveiller dans la mémoire de M. Duriveau !

Scipion… son fils…

Robert de Mareuil dont il avait été le rival… lors de ses prétentions à la main de Régina, qu’il devait un jour attirer dans un piège horrible… pour se venger de ses dédains…

Venait ensuite l’enfance et la première jeunesse de Martin chez Claude Gérard…

Claude Gérard… encore un nom écrit en lettres sinistres, ineffaçables, dans la vie du comte…

Là encore reparaissait Régina ; Régina enfant, puis adolescente, puis jeune fille, et grandissant pour ainsi dire aux yeux de Martin à chaque anniversaire de la mort de la baronne de Noirlieu…

C’était ensuite cette pauvre folle que Claude Gérard entourait de ses soins pieux et touchants.

Un pressentiment invincible disait au comte que cette femme folle était Perrine Martin… dont il avait enlevé le cœur à Claude Gérard,