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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés IV (1850).djvu/210

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CHAPITRE XV.

L’hôtel de Basquine. — Leporello et Astarté. — La Mère-Radis. — Un suicide par amour. — Un ami d’enfance.

La scène suivante se passe dans un charmant petit hôtel, situé entre cour et jardin, rue Saint-Lazare, habité par Basquine. Une partie du jardin donne sur un terrain vague, occupé par des matériaux de construction.

Il est dix heures du matin ; deux personnages qui ont figuré dans les Mémoires de Martin, Leporello et mademoiselle Astarté s’occupent de réparer le désordre qu’une réception prolongée assez avant dans la nuit laisse toujours dans un appartement.

Astarté, quoique âgée de quelques années de plus que lorsqu’elle était au service de sa ministresse, à qui elle rendait, disait-elle, la vie si dure, a conservé sa taille élégante, ses magnifiques cheveux noirs, et son air impertinent et moqueur.

Leporello, l’ancien valet de chambre du baron de Saint Maurice, a gagné en importance ce qu’il a perdu en jeunesse cavalière ; il a pris de l’embonpoint, sa figure est pleine, vermeille ; il paraît être dans une complète familiarité avec Astarté.

— Ah çà ! ma chère, — lui dit Leporello en interrompant ses soins domestiques pour s’étendre nonchalamment dans un excellent fauteuil, et tenant toujours son plumeau à la main, — causons un peu, que je prenne langue… Arrivé avant-hier de Normandie à ton