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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés IV (1850).djvu/250

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CHAPITRE XVIII.

Projets de vengeance. — Conseils de Basquine à Scipion. — L’évasion.

 

Nous l’avons dit, Basquine et Scipion étaient restés seuls après le départ du comte.

Après le départ du comte, Basquine et Scipion avaient un moment gardé le silence.

Basquine, couvant pour ainsi dire d’un regard avide l’expression de révolte, de haine profonde, qu’elle voyait éclater sur les traits du vicomte…

— Oh ! je me vengerait — s’écria-t-il en tendant son poing crispé vers la porte par laquelle avait disparu son père. — Oh ! oui… je me vengerai… Je me suis déjà vengé… il contenait à peine sa rage… Chacun de mes mots a porté coup !…

— Oui… des mots… et puis des mots… Voilà votre vengeance à vous !… de vaines paroles !… — lui dit Basquine d’une voix sourde, avec un accent sardonique ; — belle vengeance !… comme si les mots les plus durs, les plus insolents, pouvaient jamais payer l’ignominie dont cet homme vous a couvert ! Sortez donc d’ici pour tomber sous la main brutale d’ignobles agents de police !

— S’ils me touchent, je les tue ! — s’écria Scipion.

— Vous ne les tuerez pas, — dit Basquine en haussant les épaules,