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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés IV (1850).djvu/249

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durcissement de son fils, avaient été raillées par cet impitoyable enfant, comme une hypocrite jonglerie, M. Duriveau, poussé à bout, crut agir selon son droit, selon son devoir, selon l’intérêt de Scipion, en redoublant de dureté, dans l’espoir de réduire ce caractère intraitable.

Malheureusement M. Duriveau se trompait, le vicomte lui avait dit cette terrible vérité :

Après l’éducation que vous m’avez donnée, ce n’est pas en un jour que vous ferez de moi un fils respectueux, et de vous un père respectable.

La régénération de Scipion, de cette âme gangrenée par une perversité si précoce, eût demandé des soins d’une délicatesse toute maternelle, des ménagements infinis, en un mot, cette rare et intelligente connaissance du cœur, et surtout cette patience remplie de pénétration, de mansuétude et d’amour que le cœur d’une mère renferme seul peut-être.

Ces qualités essentielles manquaient à M. Duriveau, homme impétueux, énergique, absolu… Puis l’intérêt de sa folle passion pour Madame Wilson le dominait et le forçait d’agir avec autant de précipitation que de rigueur ; la conversion de Scipion eût demandé des mois, des années, peut-être, et il était indispensable aux projets de M. Duriveau que son fils fût régénéré en huit jours… Aussi l’imminence de ces intérêts irrésistibles pour lui, l’impuissance de ses tentatives d’autre sorte pour réduire son fils, forcèrent le comte de persister dans les voies d’extrême rigueur.

Et puis enfin que pouvait faire Scipion pour se venger, suivi pas à pas par les agents de police dès qu’il sortirait de chez Basquine ou arrêté chez elle s’il y séjournait au delà de six heures ?