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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés IV (1850).djvu/289

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Et non-seulement sur ces cinq ou six lieues carrées de territoire que possédait M. Duriveau, le sol avait ainsi été métamorphosé, mais encore les habitations… et, chose plus admirable encore… les habitants… jadis si hâves et si maladifs, étaient devenus florissants de santé.

Sur toute l’étendue des immenses propriétés du père de Martin, eu on ne voyait plus une seule de ces métairies… ou plutôt de ces tanières horribles où s’étiolait une race abâtardie par les fièvres et par les plus dures privations.

Le petit village du Tremblay lui-même, composé d’environ deux de cents masures non moins délabrées que les métairies, avait aussi disparu et ne contrastait plus par sa misérable apparence avec le magnifique château du comte Duriveau.

Ce château lui-même avait subi une complète transformation.

Le corps de logis principal avec ses deux ailes en retour était resté debout, et l’on avait prolongé ces deux ailes de façon à composer un immense parallélogramme, en les réunissant par de nouveaux bâtiments qui, faisant face au principal corps de logis, reliaient ainsi ces deux ailes à leur extrémité.

Une large galerie de briques suivant intérieurement les lignes de ce parallélogramme, formait une terrasse au premier étage, et, au rez-de-chaussée, un abri qui permettait de circuler autour de ces vastes constructions, sans craindre le soleil ou la pluie.

Tout le terrain, renfermé dans l’intérieur des bâtiments, était distribué en un jardin d’agrément ; ses massifs, ses quinconces, divisés par des allées, aboutissaient tous à un rond-point où s’élevait une fontaine jaillissante ; cette espèce de monument de pierre et de fonte d’un style simple et sévère, se terminait par un ornement sphéroïde sur lequel on lisait en grandes lettres cette inscription, maxime favorite du docteur Clément, citée dans les Mémoires de Martin :

nul n’a droit au superflu
tant que chacun n’a pas le nécessaire.

La nuit, ce jardin, ces arcades, ainsi que les bâtiments, étaient éclairés par le gaz, dont la vive lumière rayonnait aussi çà et là, dans une partie du parc planté d’une futaie séculaire que l’on avait conservée et qui s’étendait derrière le château.

Enfin, à droite de ce parallélogramme, parmi de nombreux bâti-