Aller au contenu

Page:Sue - Les misères des enfants trouvés IV (1850).djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ments ajoutés extérieurement, se dressaient les immenses cheminées de plusieurs machines à vapeur, destinées soit à abréger ou faciliter certains travaux, soit à élever dans de vastes réservoirs les eaux qui circulaient dans toutes les parties de cet immense établissement.

Nous l’avons dit, le mois d’octobre touchait à sa fin. Il faisait une de ces tièdes et charmantes journées assez fréquentes en automne.

Une voiture légère, espèce de phaéton, attelée de deux chevaux de modeste apparence, mais agiles et vigoureux, s’arrêta sur le point culminant d’une route nouvellement ouverte et d’où l’on découvrait les constructions dont nous venons de parler.

Un homme et une femme, jeunes encore, étaient dans l’intérieur de la voiture dont l’homme conduisait lui-même l’attelage ; tandis que, sur le siège de derrière, se tenaient assis un petit domestique d’une quinzaine d’années et une femme de chambre ; deux malles de cuir placées sur la caisse de devant du phaéton, annonçaient que M. et Madame Just Clément (tel était le nom de ces personnages) voyageaient à petites journées.

— Mon ami, quelle peut donc être la destination de ces immenses bâtiments ? — demanda Régina à son mari, — Vois donc… c’est un coup d’œil magnifique.

— En effet, — répondit Just en paraissant partager la surprise et l’admiration de sa femme, — est-ce un château, est-ce une exploitation rurale, est-ce une manufacture ? je ne sais… Et puis, l’on dirait que tout le pays que nous parcourons a subi depuis quelque temps une transformation complète. Ces canaux de construction récente… ces ponts nombreux, ces barrières fraîchement peintes, ces routes parfaitement établies, et dont plusieurs sont à peine terminées, ces chemins nouvellement plantés d’arbres, ces immenses défrichements, tout annonce une incroyable activité de travail.

— Et cependant, nous n’avons rencontré personne sur notre route… Cela est étrange… n’est-ce pas, Just ?

— C’est très-singulier, en effet, Régina… mais, si lu veux, nous allons suivre cette route qui paraît aboutir aux bâtiments de l’aile gauche, et là, en notre qualité de voyageurs touristes et curieux, nous demanderons et nous saurons, sans doute, la destination de ce magnifique établissement.

— Et, peut-être, — dit Régina, — nous permettra-t-on de le visiter.

— Je n’en doute pas, Madame, — répondit gaiement Just, — si vous vous chargez de présenter cette requête.