Page:Sue - Les misères des enfants trouvés IV (1850).djvu/297

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— Je n’ai pas non plus besoin de vous dire, Monsieur, — reprit Just, en tendant cordialement sa main à Claude, — combien je suis heureux aussi de vous retrouver dans une pareille circonstance,

Puis s’adressant à sa femme, Just ajouta :

— Je vous présente M. Claude Gérard, ma chère Régina… je n’ajouterai qu’un mot : mon père disait, en parlant de M. Gérard : — C’est un des nôtres… car, dans mes lettres… j’avais souvent entretenu mon père de la vive sympathie, de la vénération profonde que m’inspiraient le caractère et l’esprit de M. Gérard.

— Just a raison… Monsieur, — dit gracieusement Régina en s’adressant à Claude ; — celui dont le docteur Clément a dit : — C’est un des nôtres, doit être, pour tous les gens de cœur, un homme considérable, pour Just et moi… un ami…

Et Régina tendit à son tour sa belle main à Claude, qui la serra légèrement en s’inclinant, pensant néanmoins, avec une secrète amertume, que Martin… n’avait de sa triste vie reçu une pareille faveur de Régina… lui… lui… à qui elle devait tout, à son insu.

— Mon Dieu, Monsieur, — reprit Just, — nous sommes dans un pays de merveilles… Mais bien que ces miracles me semblent un peu plus faciles à expliquer maintenant que je sais votre présence en ces lieux enchantés… dites-moi donc le secret de l’incroyable transformation que ce pays a subie… et dont les signes se sont révélés, se révèlent à chacun de nos pas ?

— Nous venons de visiter la vacherie avec une brave et intelligente personne, qui nous a on ne peut plus charmés par son naïf bon sens… — ajouta Régina ; — en un mot, Monsieur, permettez-nous de vous faire les questions que nous nous adressions tout à l’heure à nous-mêmes à la vue de ces bâtiments… est-ce un palais ? est-ce une immense exploitation rurale ? est-ce une non moins immense fabrique ?

— C’est un peu… tout cela, Madame, — reprit Claude en souriant doucement, — et si vous voulez avoir la bonté de m’accompagner… en très-peu de mots je vous donnerai le secret de cet apparent mystère.

Claude Gérard offrant son bras à Régina, lui fit traverser un passage qui conduisait de la cour des vacheries à l’une des vastes galeries qui entouraient le jardin renfermé dans l’intérieur du parallélogramme ; puis, sortant de cette galerie, Claude se dirigea, toujours accompagné des deux visiteurs, vers la fontaine monumentale dont nous avons