Aller au contenu

Page:Sue - Les misères des enfants trouvés IV (1850).djvu/303

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelle s’appuie cette dame d’une figure si noble et si douce ?

— Je n’ai, de ma vie, rien vu de plus joli que cette jeune fille, avec ces bruyères roses dans ses cheveux, — ajouta Just ; — quelle douceur dans les traits ! quelle intelligence dans le regard !…

— Et quel charme, quelle grâce dans ses moindres mouvements ! — ajouta Régina.

Claude, visiblement touché de l’admiration que témoignaient Just et Régina à la vue de Bruyère, leur dit :

— Cette dame pâle, à la figure noble et douce, est la femme de celui qui a fait tout le bien que vous admirez…

— Sa femme ! — dit Régina avec émotion, — elle doit être bien fière… bien heureuse… de lui appartenir !

— Oui… elle en est heureuse… et fière… — répondit Claude.

— Et cette charmante personne, — dit Just, — c’est leur fille ?

— C’est la fille… de cette dame pâle… — répondit Claude, et la fille adoptive de celui dont nous parlons… mais il l’aime… aussi tendrement… que si elle lui appartenait par les liens du sang.

— Et a-t-il un fils ? — demanda Just.

— Oui… Monsieur… — répondit Claude.

— Et un fils… digne de lui, sans doute ? — demanda Régina.

— Oui, Madame, — reprit Claude avec une émotion profonde, — un… digne fils… un vaillant fils.

À ce moment, dame Perrine, ou plutôt Madame Duriveau, après avoir donné quelques conseils à plusieurs jeunes filles qui travaillaient aux métiers à dentelle, se dirigea vers Claude, toujours précédée de Bruyère, sur l’épaule de laquelle elle s’appuyait ; puis s’apercevant alors que des étrangers accompagnaient l’instituteur, elle rougit légèrement, tandis que Bruyère levait sur eux ses grands yeux timides et étonnés.

— Madame, — dit Régina d’une voix émue en s’avançant vers la mère de Martin avec un air de déférence et de respect, — permettez à deux étrangers de vous exprimer leur profonde admiration pour l’homme généreux qui a changé ce pays, jadis si misérable, nous a-t-on dit… en une véritable terre promise… que son nom, que l’on ne nous à pas prononcé jusqu’ici… sans doute pour satisfaire à la modestie de son caractère, soit à jamais béni…

— Du moins, il nous est doux, Madame, — ajouta Just, — de pouvoir vous dire à vous, la digne compagne de ce grand homme de bien, à quel point nous sommes touchés de tous ce que nous venons