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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés IV (1850).djvu/309

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bonnes et saines pensées qui m’ont amené à ces réformes, à ces résolutions, c’est à vous en partie que je les dois.

« Ainsi que je vous l’ai dit et que vous l’aviez pressenti, la lecture de vos Mémoires a été féconde pour moi… en attirant mon attention sur des faits et sur des misères que je ne soupçonnais pas…

« Voici sommairement les déterminations que j’ai prises, et qui ont été adoptées :

« Défense aux bateleurs, sous les peines les plus sévères, d’exploiter l’enfance dans leurs exercices.

« Avènement des instituteurs du peuple au rang de fonctionnaires publics de première classe, ayant le pas sur les autorités civiles, militaires et religieuses, car celui qui rend l’homme honnête, instruit et laborieux, celui qui, enfin, le crée moralement, doit marcher au premier rang.

« Fondation de crèches, salles d’asile, écoles industrielles et agricoles pour les adultes, ateliers publics où l’honnête homme momentanément sans travail, trouvera du pain et un abri ; maison de retraite pour les invalides civils.

« Fermeture immédiate des cabarets qui sollicitent incessamment les plus mauvaises passions.

« Le père de famille n’osera pas s’enivrer chez lui, où il trouvera d’ailleurs mille empêchements à ce vice.

« Peines sévères contre l’ivresse.

« Ouverture de cirques nationaux subventionnés, dans lesquels, les jours de fêtes, la population trouvera, pour le quart de l’argent qu’elle dépensait à s’abrutir et à s’empoisonner au cabaret, des délassements et des spectacles généreux et virils.

 
 

« Ce sont là de premières réformes : elles s’accompliront, je le crois, sans résistance, parce que j’ai pour moi le bon droit et que je m appuie sur les déshérités contre les privilégiés.

« S’il le fallait… je conspirerais ouvertement contre l’aristocratie de naissance et de fortune… très-puissante ici, et, roi, je me mettrais à la tête de mon peuple…

 

« Adieu. J’ai été heureux de vous écrire cette lettre ; elle vous prouvera du moins que je n’ai pas oublié la dette que j’ai contrac-