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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés IV (1850).djvu/310

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tée envers vous, car je m’efforce de m’acquitter selon le vœu de votre généreux cœur en lâchant que mon nom ne soit pas prononcé sans quelque reconnaissance par nos frères en humanité.

« Votre affectionné,
« C. O. »
 

Madame Perrine, lorsque Martin eut terminé la lecture de cette lettre, demanda à son fils, avec la naïveté de l’indiscrétion maternelle :

— De qui est cette lettre, mon enfant ?

— Du roi… ma bonne mère, — répondit simplement Martin.

— Du roi ? — dit Bruyère toute surprise.

Madame Duriveau et son mari se regardèrent avec une expression d’orgueil.

— Peux-tu me la lire… cette lettre ? — dit à son fils M. Duriveau, presque timidement.

— Lui… non ; — dit en souriant Claude Gérard, — il n’oserait pas ;… mais moi… je m’en charge, si Martin y consent.

— Si mon père… si ma mère… le désirent, — répondit Martin.

— Si nous le désirons ?… — dit vivement M. Duriveau, en s’adressant à sa femme… Il nous le demande, Perrine.

Claude Gérard lut la lettre…

Lorsqu’il eut terminé cette lecture, M. Duriveau, les yeux baignés de douces larmes, s’écria d’une voix émue, en tendant ses bras à Martin :

— Mon fils, mon noble et digne fils, si longtemps méconnu… Ah ! ce n’est pas d’orgueil… c’est de tendresse que je pleure…

Puis, après avoir serré avec effusion Martin et Bruyère contre son cœur, M. Duriveau ajouta, en tendant la main à Perrine et à Claude Gérard :

— Ah ! vous avez raison ! avec une femme et un ami comme vous… des enfants comme Bruyère et Martin… l’expiation continuelle du mal par le bien… il n’est pas permis de désespérer de l’avenir !

FIN.