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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés IV (1850).djvu/33

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— Allez au numéro 17 de cette rue.

— Bon.

— Demandez le capitaine Just.

— Bon.

— Dites qu’on lui porte à l’instant ce billet.

— Bon.

— Car c’est une question de vie ou de mort.

— Diable !

— Si le capitaine vous demande qui vous à envoyé avec ce billet, vous direz… vous direz… un homme âgé, à cheveux blancs.

— Très-bien !

— Vous conduirez le capitaine rue du Marché-Vieux, près la rue d’Enfer, n° 11.

— Je vois ça d’ici.

— Repasserez-vous par le quai ?

— Oui, c’est mon chemin.

— Si vous ramenez le capitaine, ne vous arrêtez pas ; mais ne vous étonnez pas si je monte derrière votre voiture.

— C’est entendu…

— Et ensuite, rue du Marché-Vieux… bride abattue.

— Vitesse de chemin de fer, j’ai Lolo et Lolotte, soyez calme.

Et Jérôme allait fouetter ses chevaux ; mais se ravisant :

— Et si le capitaine n’y est pas ?

— Revenez toujours par ici… alors je remonterai dans votre voiture.

— En route ! — dit Jérôme, et il détourna la rue au grand trot de ses chevaux.

J’attendis avec angoisse le retour de Jérôme. En cas d’absence du capitaine Just, je me serais décidé à aller rue du Marché-Vieux et à agir malgré les funestes conséquences que mon intervention pouvait avoir pour mes projets.

Caché dans l’ombre d’une porte cochère ouverte, de crainte d’être reconnu par le capitaine, j’écoutais si je n’entendais pas revenir la voiture…

Neuf heures sonnèrent lentement à Notre-Dame… Régina, partie de chez elle à huit heures et demie sans doute, devait alors être bien près de la rue du Marché-Vieux ; si l’un des domestiques du comte Duriveau avait trouvé un fiacre plus tôt que sa femme de charge, le