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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés IV (1850).djvu/46

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pas blessé, car, Dieu merci, souvent j’ai entendu dire à feu M. le docteur que son fils était un des meilleurs tireurs de son régiment.

— Vrai ? — s’écria Régina avec un ineffable ravissement d’espérance.

Puis elle ajouta précipitamment :

— Mais vite… l’heure se passe… prenez une voiture… partez… partez…

 

Une demi-heure après avoir quitté la princesse, j’étais chez le capitaine.

J’appris plus tard les préliminaires du duel qui devait avoir lieu, préliminaires étranges, qui prouvaient d’ailleurs l’énergie, le sang-froid du capitaine, sa prévoyante sollicitude pour le repos de Régina, et la connaissance qu’il avait de l’infernal caractère du comte Duriveau.

Voici ce qui se passa :

Avant de rentrer chez lui, Just était allé chez deux de ses anciens camarades de l’École Polytechnique ; il eut l’heureuse chance de les rencontrer ; l’un était officier d’artillerie, l’autre officier du génie. Assuré de ces deux témoins, car il s’attendait à la visite du comte Duriveau, il alla chez un autre de ses amis, un avocat, légiste fort distingué ; il le trouva aussi, et ramena ces trois personnes chez lui, les ayant prévenues de ce dont il s’agissait.

À deux heures, une voiture s’arrêta à la porte de la maison du docteur. Deux hommes de fort bonnes façons descendirent et demandèrent M. le capitaine Clément.

Suzon les introduisit.

Ces deux personnages, témoins du comte Duriveau, trouvèrent le capitaine Just avec les deux officiers et l’avocat ; on se salua avec la plus parfaite politesse, et l’un des témoins de M. Duriveau dit au capitaine :

— M. le comte Duriveau, mon ami, a été offensé par vous, Monsieur, de la manière la plus grave : il vous en demande réparation ; en sa qualité d’offensé, il choisit le pistolet. Nous allons régler avec ces Messieurs… vos témoins, sans doute, les autres conditions du combat.

— Monsieur, — répondit le capitaine, — ayez la bonté de répondre à une seule question… Savez-vous la cause de la provocation que me fait l’honneur de m’adresser M. le comte Duriveau ?