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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés IV (1850).djvu/80

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l’intérêt public par une découverte qui doit préserver d’un danger redoutable des milliers d’ouvriers déjà voués à l’existence la plus dure et la plus laborieuse. »

Je compris avec quelle joie, avec quel orgueil, Régina avait dû lire ces lignes si flatteuses pour Just.

En parcourant machinalement un autre journal, mes yeux tombèrent sur ces lignes, que j’ai aussi transcrites :

« On nous écrit de *** (capitale d’un des États du Nord) :

« Le 8 de ce mois a eu lieu, sur le théâtre de la cour, une représentation dont le souvenir ne s’effacera pas de longtemps de la mémoire de ceux qui ont eu le bonheur d’assister à cette solennité dramatique.

« La célèbre Basquine, cette admirable tragédienne lyrique que nous avons eu le bonheur de pouvoir engager à notre Opéra royal, lorsqu’elle est arrivée d’Italie, la célèbre Basquine vient d’obtenir dans l’Armide, de Gluck, qu’elle a joué en présence de leurs Majestés, de la famille royale et de toute la cour, un de ces triomphes étourdissants qui font époque. Jamais dans ce pays aucun artiste national ou étranger n’a excité une admiration aussi universelle.

« Le roi, pendant la durée de la représentation, a daigné quitter plusieurs fois sa loge pour aller témoigner à la grande artiste l’admiration qu’elle lui inspirait, et, après le dernier morceau du deuxième acte, notre gracieuse souveraine, cédant à un irrésistible enthousiasme, a jeté son bouquet sur la scène : l’exemple de sa Majesté a été suivi par toutes les dames de la cour, et un monceau de bouquets s’est élevé autour de la célèbre Basquine. Non contente de lui avoir donné cette marque si flatteuse de son auguste admiration, notre glorieuse souveraine a voulu complimenter elle-même la divine cantatrice, et, par un honneur insigne, inouï dans les fastes du théâtre, le Roi a daigné aller chercher Mlle Basquine sur la scène, et l’amener dans la loge du trône. LL. MM., ainsi que LL. AA. les princes et les princesses de la famille royale se sont alors empressés de joindre les témoignages de leur enthousiasme à ceux de leurs augustes parents ; enfin, S. M. la reine a bien voulu détacher de son cou un magnifique collier de pierreries, et l’attacher elle-même au cou de la grande artiste. Celle-ci, par un sentiment de respect et de convenance exquise, a gracieusement fléchi le genou devant notre gracieuse souveraine en recevant une si haute faveur de sa main royale.