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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés I (1850).djvu/115

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CHAPITRE VI.

La chambre de dame Perrine, — Lettre d’un fils à sa mère. — Un roi qui ressemble peu aux autres rois. — Entretien de Bruyère et de dame Perrine. — La cachette. — Le coffret. — Reconnaissance. — Arrivée de M. Beaucadet, et ce qui en résulte. — Pour la première fois de sa vie M. Beaucadet ne se montre pas insensible.

Il fallait traverser un petit palier obscur avant de parvenir dans la chambre où était entrée Bruyère, en suivant les murs extérieurs de la métairie, le long de la berge de l’étang.

Cette chambre, d’un humble aspect, était presque luxueuse, comparée aux bâtiments délabrés de la métairie : un papier frais cachait les murailles de pisé, récemment enduites de plâtre ; la haute cheminée, à chambranle de bois, était ornée d’une pente de serge verte, festonnée à l’ancienne mode et galonnée de jaune, tandis qu’un grand tapis, étendu devant le foyer, cachait en partie le luisant carrelage du sol ; un bon lit, quelques meubles simples et propres, composaient l’aménagement de cette chambre, seulement éclairée durant le jour par une vieille petite fenêtre, à morceaux de vitres verdâtres et octogones, enchâssés dans du plomb.

Un de ces luminaires en usage dans les campagnes, composé d’une chandelle dont la clarté redouble d’intensité en traversant un globe de verre rempli d’eau limpide, éclairait cette pièce, et jetait sa vive lueur sur une femme assise au coin du foyer, dans un fauteuil. Elle semblait si absorbée, qu’elle ne s’aperçut pas de l’arrivée de Bruyère, qui resta muette et immobile auprès de la porte.

Cette femme avait, non loin d’elle, un petit métier, garni de drap vert, sur lequel se croisaient, attachés par des milliers d’épingles de cuivre, des fils blancs et légers, auxquels pendaient de petits fuseaux