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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés I (1850).djvu/156

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CHAPITRE VIII.

Dîner au château de M. Duriveau, — Un candidat à la députation. — Martin. — Mme Chalumeau. — Basquine. — Électeurs modèles. — Passe-temps de vicomte. — Le Jardin d’hiver. — Profession de foi d’un grand propriétaire. — Événement imprévu.

Jetons maintenant un coup d’œil rétrospectif sur les événements qui se passaient au château du Tremblay (résidence du comte Duriveau), pendant cette soirée où Bruyère cherchait la mort dans l’étang de la métairie ; pendant cette soirée où Raphaële avouait sa faute et sa honte à sa mère.

De retour chez lui, le comte Duriveau regrettait doublement la présence de Mme Wilson et de sa fille, qui avaient dû, ainsi que M. Alcide Dumolard, venir, après la chasse, dîner au château du Tremblay ; à la vive contrariété que lui causait l’absence de la charmante veuve, se joignait pour M. Duriveau l’ennui de recevoir plusieurs voisins de campagne, aussi conviés à ce dîner et dont les invitations n’avaient pu être contremandées.

Cet ennui était pourtant entouré de quelques compensations : ces voisins, gros propriétaires, industriels engraissés dans de hasardeux négoces, gens de lois enrichis et retirés des affaires, étaient tous électeurs influents ; or, quelques amis de M. Duriveau, appartenant à un certain monde politique, lui avaient dit l’année précédente :

« Les temps sont graves : ces abominables idées radicales, sociales et démocratiques, font un effrayant ravage parmi les classes laborieuses de la société ; il faut qu’un parti compact, énergique, inflexible, intimide et dompte ces penchants anarchiques qui nous