Aller au contenu

Page:Sue - Les misères des enfants trouvés I (1850).djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE II.

Rencuntre de Bamboche et de Bête-Puante. — Habitation du braconnier, — Les chiens sont dépistés, — Intrépidité de deux jolies femmes. — Poltronnerie de M. Alcide Dumolard, — Un jeune père de la fashion. — Le comte Duriveau et son fils. — Mme Wilson et sa fille.

Depuis longtemps la chasse a commencé ; le soleil, bientôt à son déclin, jette sur le ciel ses chauds reflets ; les touffes de chênes et les grands troncs des sapins semblent se détacher sur un fond de cuivre rouge. Au milieu d’un épais fourré rendu impénétrable par la luxuriante végétation des genêts, des ronces, des fougères et des églantiers, enfin au plus profond des bois dans lesquels on chassait alors, se trouvait une petite clairière semée çà et là de blocs de roches grises et moussues, presque entièrement cachées sous un inextricable enchevêtrement de lierres, de liserons, de chèvrefeuilles sauvages.

Le silence profond de cette solitude était interrompu, à de rares intervalles, par le sourd bruissement du branchage des sapins qu’agitaient de folles brises, ou par les sons très-lointains de la trompe.

Un craquement précipité se fait entendre dans le taillis dont est entourée la clairière ; les branches de jeunes tallées de chênes, aux feuilles déjà jaunissantes, ondulent, s’écartent : un homme sort de ce fourré ; il marche à demi courbé, presque en rampant.

Cet homme, dont le lecteur connaît déjà le signalement, est Bamboche, le prisonnier fugitif des prisons de Bourges, accusé de deux meurtres. Sa mauvaise blouse bleue, son unique vêtement, mise en lambeaux par les ronces, laisse à nu en différents endroits