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Page:Sue - Les misères des enfants trouvés I (1850).djvu/183

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CHAPITRE IX.

Dévouement de Martin. — La volière. — Surprise conjugale de M. Chalumeau. — Ambition déçue de M. Duriveau. — Arrivée de M. Beaucadet. — Conversation entre le comte et Scipion. — Tel père, tel fils. — Cynisme d’un jeune homme blasé. — Conditions posées par Scipion. — Dernier mot de M. Duriveau.

Au bruit du coup de feu qui retentit si près de la fenêtre du jardin d’hiver, la stupeur et l’épouvante furent générales ; les femmes poussèrent des cris aigus et se précipitèrent vers les issues de la serre. Plusieurs des convives du comte, qui l’entouraient au moment de l’explosion, s’encoururent aussi de côté et d’autre (M. Chalumeau fut du nombre de ces fuyards) ; quelques-uns, au contraire, se groupèrent courageusement autour de l’amphitryon.

Le comte, un peu pâle, mais toujours ferme, revint auprès de la fenêtre dont Martin l’avait violemment écarté ; et, après un premier mouvement de trouble et de surprise, ne sachant pas encore d’ailleurs la cause du coup de feu, il dit à ses convives avec un sang-froid railleur qui faisait honneur à son courage :

— Rassurez-vous, Messieurs, c’est sans doute le signal d’un feu d’artifice… une surprise que me ménageaient mes gens… Seulement mon valet de chambre m’a paru un peu empressé d’aller prendre sa place…

Au moment où il prononçait ces mots, Martin, après quelques minutes d’absence, revint en courant, ouvrit du dehors une porte du jardin d’hiver, entra et dit à son maître d’une voix émue :

— Il s’est sauvé du côté du chalet ; j’ai perdu ses traces dans l’épaisseur du bois.

— Qui cela ? — s’écria le comte.