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Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/204

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leva les mains au ciel et s’écria avec un accent inspiré qui semblait partir du plus profond de ses entrailles :

— Par la mémoire sacrée de votre père ! aussi vrai que Dieu est au ciel… que je sois punie comme sacrilège pour l’éternité, si votre femme n’est pas coupable…

Cette accusation était formidable… Ce serment solennel avait une telle autorité dans la bouche d’une femme pieuse et austère, que M. Sécherin, malgré sa foi profonde dans Ursule, devint pâle comme un linceul.

Immobile, les yeux fixes, il contemplait sa mère avec une angoisse indicible.

Je fus aussi étonnée qu’effrayée de l’expression de douleur, de rage, de désespoir qui durant un instant donna un caractère d’énergie presque sauvage aux traits de M. Sécherin, ordinairement si débonnaires.

— Les preuves… les preuves de cela, ma mère !… — s’écria-t-il.

— Des preuves, tu demandes des preuves… et je t’ai juré et je te jure par la mémoire sacrée de ton père ! — dit madame