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Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/205

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Sécherin d’un ton de douloureux reproche.

— Mon Dieu !… mon Dieu !… est-ce possible ! est-ce possible ! — s’écria M. Sécherin en cachant sa tête dans ses mains avec accablement.

Sa mère continua.

— Hier j’avais une preuve entre les mains, j’en suis bien sûre… mais ce démon me l’a arrachée… J’ai été si bouleversée de son audace que je n’ai pas pu dire un mot… Et puis je voulais encore une fois bien me recueillir, bien demander au bon Dieu ce que je devais faire… Toute cette nuit j’ai pensé à cela… Je me suis rappelé ce que j’avais vu, leurs signes d’intelligence, leur manège. J’ai prié le ciel de m’éclairer ; ce matin je suis venue ici, je me suis mise à genoux, j’ai supplié ton pauvre père, qui nous voit et qui nous entend, de m’inspirer aussi… Mes prières ont été exaucées… Je me suis sentie… si convaincue de ce que je te dis, que j’en fais le serment… entends-tu ? le serment sacré… Tu me connais…je mourrais plutôt que d’accuser un innocent ; je ne damnerais pas mon âme pour l’éternité par un sacrilège !… Il faut