Aller au contenu

Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Entendez-vous ? Il me menace… Mon Dieu ! tu l’entends… il me menace dans la chambre où son père est mort…

— Mon Dieu ! maman… maman… pardonnez-moi — s’écria M. Sécherin, en se jetant aux genoux de sa mère et en saisissant sa main qu’elle retira avec indignation.

Tout-à-coup ma cousine releva son charmant visage inondé de larmes.

Je la considérai attentivement. Pour la première fois, je m’aperçus de ce que je n’avais peut-être pas su remarquer jusqu’alors, c’est que ses yeux, quoique baignés de pleurs, n’étaient ni rouges ni gonflés ; ils paraissaient peut-être même plus brillants encore sous les larmes limpides qui coulaient, doucement, je dirais presque coquettement, si je les comparais aux sanglots amers et convulsifs de la véritable douleur.

Je compris seulement alors qu’on pouvait rester belle en pleurant ; les traits les plus enchanteurs m’avaient toujours semblé défigurés par la contraction nerveuse du désespoir.