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Page:Sue - Mathilde, tome 3.djvu/383

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attendri — que les pauvres bêtes pleurent au moment de mourir… mais, écoutez donc, cousine — reprit-il — on dit aussi qu’avant de mourir les cerfs se défendent quelquefois joliment, et qu’en mourant la victime a au moins le plaisir de se venger.

Dans mon égarement, répondant à ma pensée au lieu de répondre à M. Sécherin, j’essuyai mes larmes ; je le regardai fixement et je lui dis avec un sourire amer :

— Oh ! n’est-ce pas ? la vengeance… la vengeance ! ne pas mourir faible, méprisée, moquée, insultée ! faire à son tour verser des larmes à ceux qui ont ri de vos douleurs, oh !… n’est-ce pas… la vengeance, la vengeance, surtout ! pour punir l’insulte… l’insulte lâche et misérable… l’insulte qu’on sait impunie… qu’on croit impunie, parce que l’honneur, la hauteur d’un noble cœur empêche une ignoble délation… Oh ! mais cela doit avoir un terme à la fin, n’est-ce pas ? Oui, vous avez raison… la vengeance.

— Ah ça !… cousine — s’écria M. Sécherin en contenant à peine son envie de rire —